J’ai souvent pensé, et le temps me le confirme, que l’espace est déterminant dans notre expérience avec le monde extérieur. Comme l’intérieur aussi bien évidemment.
La culture asiatique, et en particulier celle d’Extrême-Orient, est pleine d’histoires et d’anecdote. Comme des métaphores de nos expériences de vie et la relation que nous avons avec le monde. Cette petite histoire illustre bien cette idée.
Un maître vieillissant en avait assez des plaintes de son apprenti. Un matin, il l’envoya chercher du sel.
Lorsque l’apprenti revint, le maître lui dit de mélanger une poignée de sel dans un verre d’eau et de le boire.
“Quel goût cela a-t-il ? ” demanda le maître.
“Amer”, répondit l’apprenti.
Le maître rit et demande au jeune homme de prendre la même poignée de sel et de la mettre dans le lac.
Les deux hommes marchèrent en silence jusqu’au lac de montagne voisin et une fois que l’apprenti eut fait tourner sa poignée de sel dans l’eau, le vieil homme dit :
“Maintenant, buvez de l’eau du lac.”
Lorsque l’eau coula le long du menton du jeune homme, le maître demanda :
“Quel est son goût ?”.
“Frais”, remarque l’apprenti.
“Est-ce que c’est salé ? ” demanda le maître.
“Non”, répondit le jeune homme.
Le maître s’assit alors à côté de ce jeune homme sérieux et lui expliqua doucement :
“La douleur de la vie est du sel pur, ni plus ni moins. La quantité de douleur dans la vie reste exactement la même.
Cependant, la quantité d’amertume que nous goûtons dépend du récipient dans lequel nous mettons la douleur.
Ainsi, lorsque vous souffrez, la seule chose que vous puissiez faire est d’élargir votre perception des choses.
Cessez d’être un petit récipient. Devenez un lac.”